Servitude
sur Pénombre au format (50 Ko)
«Regarde» me dit mon père. Et je plonge mon regard vers le bas, pour contempler ce spectacle fascinant. Nous restons de longs instants à contempler ces merveilles en silence. 'Maintenant, regarde par ici' dit mon géniteur et je suis sa main vers le haut. Vers les étoiles qui contrairement à ce que disent mes frères et soeurs ne sourient jamais. Pas à moi en tout cas. Père ne dit toujours rien. Sans un mot, il partage avec moi les richesses insoupçonnées du Ciel et de la Terre. Il est de nature«Regarde»> ...Contient : frère (23)(...) Et ne protégeront pas davantage les autres. Ni moi. Il est temps de faire le prochain pas. 'Que faisons nous ?' me demande monfrère. Et je souris dans l'obscurité sans lui répondre. De nous tous, s'il en est un qui est encore capable de me faire sourire ainsi, c'est bien lui. (...)
Si Hantei n'était pas né, il aurait été le petit dernier, le plus accompli de nous tous aux yeux de Mère. Et les Dragons savent à quel point l'amour et la fierté de Mère nous sont chers. A monfrèreplus qu'à aucun de nous. C'est cet amour et son orgueil imbécile qui causeront sa perte. Je garde le silence. (...)
Toi qui aimes tant martyriser Doji, toi qui fait tes tours pendables à Hida, qui te moques de Shiba et qui parodie Akodo. Ton tour est venu monfrère. Ta jalousie, ton égocentrisme, ta peur sont autant d'armes que tu forges et... Et... Des multitudes. (...)
Ils nous servent, ils combattent pour nous. Ils meurent en notre nom et face à eux, il y a toi, cherfrère. Ils nous ressemblent. Mais je ne les ai jamais vus. Ils sont fragiles, si fragiles... Ils sont l'avenir. (...)
Mais l'autre alternative... l'autre alternative... L'AUTRE ALTERNATIVE !! Quelle horreur... 'Togashi !' répète monfrèreen me secouant l'épaule, mais je ne réponds rien et je lui cache mes larmes. Il se tait et je garde aussi le silence. (...)
Nous gagnerons assez de temps pour grandir, devenir plus forts et le vaincre. Et ensuite... Tu me tueras, cherfrère. Et tu resteras le dernier d'entres nous. L'héritier de la Lune et du Soleil. Et alors... alors... toutes ces atrocités à venir ne seront rien comparées à ton règne. Aahh... monfrère. Comme Akodo a ses jouets, Shiba ses poèmes, Doji ses fleurs, Shinjo ses rêves... toi, tu as tes ambitions. (...)
Des ambitions qui se moquent totalement de cette infinité dans laquelle sont brassées les destinées de milliards de mondes.Frère, cherfrère, tu ne sais même pas qui tu es, tu ne sais même pas ce que tu veux et tu aspires à modeler la création à ton image. Le chaos. (...)
Un pouvoir capricieux livré aux milles envies fantasques d'un démiurge ignare. Je ne peux laisser faire cela. 'Père !!' 'Que fais tu ?' me demande monfrère. 'Père !!' Nous entendons ses pas approcher... et ses murmures fous tandis qu'une part de lui lutte encore contre ce qu'il est destiné à accomplir. Une ultime, et vaine, résistance. 'Sale traitre !! Je te tuerai !' me hurle monfrèrealors qu'il me frappe sur la bouche. J'éclate de rire alors que Père nous découvre et s'empare de nous. Je te tuerai... Mais cela, je n'en ai jamais douté, cherfrère. 'Hantei, monfrère. Je te demande pardon. Pardon de mon orgueil qui m'a aveuglé. Je sais. Je comprends et je te concède la victoire'. 'Akodo.FrèreAkodo. Accepteras tu alors d'être le premier à t'agenouiller pour entrer à mon service ?' Akodo ne répond rien mais il a les yeux embués et bien qu'il courbe la tête devant notre nouvel empereur, il demeure fier. Jamais monfrèrequi régne désormais sur nous n'aura de serviteur plus loyal que celui qui voulait prendre sa place. (...)
Je les regarde rassemblés et tandis que je me dirige vers eux pour moi aussi me vouer au service de monfrère, je contemple leur avenir et ses paradoxes. Hantei, souverain d'une nation qui embrassera des millions d'âmes mais qui mourra comme n'importe quel mortel, des suites de ses blessures. (...)
Et c'est par le conflit qu'il trouvera la mort qu'il cherche. Shinjo. Shinjo qui s'inquiète encore de notrefrèreet ignore ce qu'il est devenu. Shinjo qui fera plus pour rassembler l'humanité que nous tous réunis. (...)
Parce que je dois les sauver. Parce que ce Jigoku auquel tu t'es allié contrairement à ce que tu penses, monfrère, n'est rien comparé à... l'autre alternative. Tu vas causer des millions de morts et des milliards de souffrances. (...)
Je ne saurai jamais pourquoi cette souffrance m'est imposée mais puisque je dois la subir, alors faisons face. Je concentre ma volonté sur mon propre corps. Sur le fragment de l'âme corrosive de monfrèreque j'ai enfouie dans mon coeur. Ca n'est que le dernier jour, lorsque je pourrai enfin mourir afin de tuer monfrère, que ce cadeau de ma bien-aimée me quittera. Et que le poids de sa trahison et de son chagrin lui sera retiré. (...)
Aujourd'hui, pour la première fois j'ignore tout du futur. Je sais simplement quand et comment je vais mourir. Dans la salle du trône, tué par monfrèrecomme il le veut si désespérément depuis bien avant que nous batissions cet empire qu'il prétend gouverner. (...)
Le Jigoku ne peut corrompre que ce qui est corruptible. Il doit prendre appui, prendre souche sur quelque chose. Monfrèreprétend renverser l'ordre des choses et ne fait que montrer à tous qu'il le subit et demeure à jamais enfermé dans le cycle des actions et de leurs conséquences. Quel aveuglement... Je souris sous mon heaume. Aujourd'hui, enfin, nous sommes à égalité monfrère. Moi aussi, je suis aveugle. 'Sait-il que nous arrivons ?' demande Toturi. 'Bien sûr. Il ignore qui vous ètes mais il sait ce que vous êtes et il nous attend'. (...)