JdRP Lieux : La place Ducale, le joyau de Charleville
« L’avenue de la Gare, puis à droite la rue Thiers, à laquelle fait suite la Grande-Rue, conduisent à la place Ducale, rectangulaire et à arcades, dans le genre de la place des Vosges à Paris. C’est le centre de la ville ; on y a érigé, en 1899, une statue en bronze de Charles de Gonzague, par A. Colle ». (Guide Baedeker - Nord-Est de la France) La place Ducale : La « città ideale » est un des thèmes prépondérants et récurrents dans l’imaginaire de la Renaissance. La ville de Charleville en est la parfaite illustration avec, en son centre, comme un joyau niché dans un écrin, la célèbre place Ducale. C’est Clément Métezeau, architecte au service de Louis XIII (dit le Juste), qui en dessine les plans au XVIIème siècle. Son frère Louis, de son côté, après avoir réalisé la Grande Galerie du Louvre, travaille sur un sujet identique ou presque puisqu’on lui doit la place Royale (plus connue aujourd’hui sous le nom de place des Vosges) à Paris. Mais, contrairement à la place parisienne, Clément Métezeau laisse entièrement libre l’espace central. L’ensemble dégage ainsi une impression de grandeur majestueuse, l’oeil étant évidemment rassuré par la disposition symétrique des lieux. L’alignement des pavillons, sans faille et sans exception aucune, obéit à la règle de quatre : chaque bâtiment aura ainsi quatre travées, quatre baies à chaque étage et quatre lucarnes sur le toit. L’inauguration de la statue de Charles de Gonzague En 1899, le 22 octobre précisément, l’on remplace la petite fontaine de la place par une statue de Charles de Gonzague, le fondateur de la ville. Pour mieux aborder le XXème siècle et suivre l’inévitable progrès, le préfet Paul Joly dote aussi les villes de Charleville, Mézières et Mohon, d’un réseau de tramways électriques. Alors que le pavé de la place ducale est toujours battu par les sabots des chevaux, - les attelages et autres fiacres étant, bien entendu, majoritaires -, les pionniers de l’automobile fondent « L’Automobile Club Ardennais » en 1901. Toujours à la même époque, les agents du Commissariat de police (au 1 de la Place Ducale), disposent eux du téléphone, depuis presque cinq ans (1896). Ils ne sont pas les seuls sur la place à bénéficier du progrès puisque Adolphe David, fabriquant de forges portatives et de soufflets, installé au numéro 38, possède lui aussi son propre combiné. A noter que cette année-là, il y a 55 abonnés dans toute l’agglomération (Mézières et Mohon y compris) contre 102 dans le bassin sedanais, et un total de 173 dans toutes les Ardennes. Charles de Gonzague, le fondateur de la ville Au moment où se déroule le scénario L’Enfant de Colère, cette place est de loin la plus commerçante de Charleville. C’est là que l’on aime être vu, là encore que l’on aime flâner, scruter les devantures des boutiques, et rêver des dernières toilettes à la mode. L’activité commerciale est florissante, plus de soixante travailleurs indépendants proposent en effet leur savoir-faire sur la place Ducale. Il y a là des modistes, des tailleurs et aussi des marchands de nouveautés qui, pour quelques francs seulement, vous proposent, à les croire, la dernière mode parisienne. Quel que soit l’objet recherché par votre personnages ou par vos joueurs, selon que vous êtes joueur ou meneur de jeu, s’il y a un endroit où faire ses emplettes à Charleville, c’est bien ici. Aussi, je vous invite à suivre le guide. La place DucaleUn jour de marché Côté impair, il y a au : N° 1, la Mairie de Charleville et le commissariat de police. N° 3, l’aubergiste et loueur de voitures Poncin, la mercerie Parant-Toupet et la modiste Robinet. N° 5, le fabricant de brosses Parant-Toupet et « La Taverne alsacienne » (n°5-7) de Raymond Latour puis « Le Grand Café » Henrion. N° 7, la mercerie Cresson. N° 9, l’aubergiste Marchand. N° 11, - N° 13, l’aubergiste Galichet et « Au Coin de Rue » ou Maison Arthur Jeanteur La place DucaleAu premier plan, « Au coin de rue » ou la maison Arthur Jeanteur (La rue de la République sépare le “ Coin de Rue ” de l’Hôtel Guillaume) : N° 15, l’hôtelier Guillaume. N° 17, « Au Pavillon Neuf » et la sage-femme, madame Bardin. N° 19, l’hôtelier Monchot et Emile Barbaise, loueur de voitures (lui aussi abonné au téléphone). N° 21, l’épicier Maljean. N° 23, les assurances « Le Nord » et « Le Soleil » de Billard (anciennement Gaborit). N° 25, la mercerie Forget-Goury. N° 27, la modiste Wilquet et le représentant de commerce L. Renneville. N° 29, l’épicier Bernissaux et le marchand de nouveautés Bouillard. N° 31, - .N°33, le cafetier Emile Shmidt. N° 35, le cafetier Gondel. N° 37, l’épicier Adam et le dentiste Adnet. N° 39, le charcutier Montcourant et la marchande foraine Julie Klein. N° 41, la pharmacie V. Harlay. (...)
Coté pair, on trouve dans l’ordre (la numérotation utilisée est celle de 1900), le : N° 2, « Le Café du Palais », ancienne maison Monard. N° 4, le ferblantier Preud’homme-Viellard, le tailleur pour dames Lacoste, le marchand de vannerie Hubert. N° 6, le vendeur d’appareils électriques et peintre en bâtiments Sorel et marchand de meubles Coppée-Balay, « Au Pauvre Bûcheron ». N° 8, en 1887, le fabricant de meubles Olivier. (...)
N° 10, la sage-femme, madame Moutarde. N° 12, le bottier A. Moutarde, « A la Bottine » ou Maison Paroche-Olivier. N° 14, l’aubergiste Renaux, « Aux bonnes Tripes ». N° 16, la mercerie de Mlle Lebaux, « Aux Modes Parisiennes » et la modiste Lebeau. N° 18, le marchand de papiers peints et couleurs E. Balay, « Aux Mille Couleurs ». N° 20, le cirier Cochard et l’épicier Cochart. N° 22, « Le Bazar de l’Incroyable ». N° 24, la modiste Deloche, le magasin de rouenneries Loilier fils et la sage-femme Prévot. La place DucaleAu premier plan, le magasin Loilier Fils (La rue du Moulin sépare les pavillons n°22 et n°24) : N° 26, l’imprimeur et libraire Ed. Jolly puis « Au Gagne-Petit » de Joseph et Georges Marcus. N° 28, le cafetier Rossignol. N° 30, les modistes Hardy et veuve Toison. N° 32, le marchand de grains, graines et farines Vieilard. N° 34, la vendeuse de bâches, sacs, rouennerie, la veuve Balteaux puis E. Nonnon, le cordonnier-bottier Chassepierre et la couturière pour dames Sidonie Titeux. N° 36, l’aubergiste Volvert et la sage-femme Pierrot. N° 38, la modiste Mlle Cousinard, « A l’Aigrette d’Or » de Parant-Toupet puis « A la Plume d’Or », ancienne maison Sarazin et la fabrique de chapeaux des frères Bourguignon. N° 40, le commissionnaire en marchandises et marchand de ferronnerie Potoine. N° 42, le cafetier Dufour. N° 44, « Le Café du Commerce » de Renard. N° 46, l’aubergiste Hiver. N° 48, les aubergistes, cabaretiers et logeurs Ferauge et Jerôme puis la librairie classique Leroy-Mailfait. Etrangement, sur cette place, ne figure aucun chapelier, coiffeur, boulanger ou même boucher.