JdRP Conseils MJ : De l’importance des aides de jeu
Maléfices a pris nombre de rôlistes de l’époque à contre-pied - Michel y tenait ! - en fournissant des scénarios charnus et à la qualité littéraire et esthétique certaine, mais aussi en y ajoutant des aides de jeu soignées, prêtes à l’emploi : lettres et articles de journaux étaient déjà assez courants, mais des illustrations pleine page tirées à part (Récollets) , un plan de ville format A3 sur papier glacé en encart (Les Brasiers) , des planches de bande dessinée (Le Dompteur) , une statuette à monter (Le Dompteur, toujours) , des partitions musicales originales, spécialement composée pour le scénario (La Musique) , tout cela était nouveau… Et cela m’a convaincu de la nécessité de soigner les aides de jeu que j’allais ? coup sûr fabriquer, soit pour des scénarios où il n’y en avait pas (pour des raisons de place, ceux des revues et fanzines sont rarement accompagnés d’aides de jeu…), soit pour les scénarios qui en proposaient, mais pour lesquels on pouvait en créer d’autres… J’y reviens, donc, et j’explique pourquoi je crois qu’il faut insister sur l’intérêt de passer du temps à la fabrication d’aides de jeu : d’une part, je l’ai dit, ça fait toujours plaisir aux joueurs, surtout si certaines sont « un peu » frappadingues mais surtout, d’autre part, une aide de jeu c’est un peu une immixtion de la réalité dans le monde fictionnel de l’Aventure. Et, surtout dans un contexte fantastique. Je vous renvoie sur cette problématique à deux articles : celui de Daniel Dugourd sur le Fantastique dans Maléfices et celui d’Hervé Fontanières qui pose le problème d’Etre ou ne pas être Fantastique…. Et puis redisons-le, quand on vise à créer une ambiance véritablement fantastique, au sens littéraire du terme, jouer sur la (fragile !) frontière entre réel et fiction n’est jamais à négliger… a/ Les AdJ « papier » : Le goût de l’écriture et de la mystification qui m’habitent depuis longtemps ont sans doute été à l’origine de ma démarche concernant la fabrication d’aides de jeu. Celles qui étaient fournies m’ont montré que cela pouvait devenir un réel « plus » lors d’une partie. Et j’ai tout simplement commencé à les rendre plus « vraies » qu’une simple photocopie. C’est ainsi que m’a pris le virus qui ne m’a jamais quitté depuis, et qui me permettra peu à peu de placer sur ce site certaines de mes aides de jeu personnelles, afin qu’elles servent à tous… C’est ainsi, entre autres exemples, que j’ai fabriqué le fameux « Mémoire » de Gamain pour les Récollets , que j’ai aussi créé des journaux (faussement) d’époque , à partir de journaux réels dont je me suis efforcé de reproduire le bandeau, et plus ou moins le lettrage, pour des « Une » qui fasse illusion… b/ Les AdJ « 3D » : Je me suis même lancé dans la confection d’aides de jeu en 3D : j’ai ainsi fabriqué la statuette d’Uko (Dompteur) , et le petit volcan de Ungaro (Dompteur aussi) . Consultation éprouvante chez Ungaro... J’ai aussi fabriqué la statuette des Brasiers , la longue-vue de Enchères , et tout un bric à brac qui fait maintenant de mon grenier une antre de sorcier… ou à tout le moins un insensé bric-à-brac, qui risque de laisser perplexe l’hypothétique brocanteur qui viendra vider ledit grenier quand j’aurai décidé de devenir PNJ à plein temps en tant que fantôme définitif ! A partir de jour-là, appelez-moi quand vous aurez besoin d’un esprit, frappeur ou non… Appelez-moi ! Promis, juré - si je mens je vais en Enfer ! - je viendrai coller à vos joueurs la frousse de leur vie. Et puis ça me permettra de moins m’ennuyer parce que « l’éternité, comme dit Woody Allen, ça doit être long, surtout vers la fin ! ». C’est pour moi, en plus du plaisir qu’il y a à faire jouer les autres, évidemment, un des grands plaisirs du Meneur de jeu que de « délirer » seul dans son antre, se délecter par anticipation des frissons (ou des rires, c’est selon, ce n’est pas incompatible, la peur ne prenant que plus de force au sortir d’un épisode amusant ou loufoque…). En quelques mots, préparer une partie c’est à mon sens travailler comme un malsain, (dans tous les sens du terme !), pour obtenir, ponctuellement, une séquence de jeu renforcée par - rayez les mentions inutiles la « réalité » d’une statuette étrange, la « véracité » du Quotidien du soir, la « crédibilité » d’un journal intime retrouvé dans la chambre d’un mort, l’horreur suscitée par une simple baignoire au fond de laquelle subsistent quelques traces de sang alors que sur ses bords ont séché… quelques infimes morceaux de viande (que vos joueurs « identifieront » immédiatement comme de la chair humaine, sinon c’est pas drôle !) ou encore l’incongruité de tel ou tel accessoire totalement dingo, nous en parlerons bientôt… Cela vous paraît totalement délirant, hors de propos, ou même de mauvais goût ? Auriez-vous donc oublié le véritable engouement de nos arrières grands-parents pour le théâtre du Grand Guignol et ses pièces sanglantes, ses ambiances malsaines ? Admettons, et revenons alors à des choses plus policées… mais je ne vous lâcherai pas comme ça ! De la musique ? J’ai expliqué ailleurs, de façon plus détaillée - mais je le redis succinctement ici pour vous éviter d’y retourner ! - que l’utilisation de la musique peut s’avérer fort efficace... si on n’en abuse pas !. En effet, pour moi la musique ne doit en aucun cas devenir, parce que trop systématiquement présente, un « bruit de fond »… C’est au contraire un renfort ponctuel dans telle ou telle scène. Tout est donc comme en toute chose, affaire de mesure. Sachez user de la musique à des moments-clefs, certes, mais sachez aussi en placer lors de « simples » scènes d’atmosphère, et pas seulement quand on arrive à une scène forte… Le choix des musiques est évidemment crucial, mais il fera l’objet d’une autre causerie, pour laquelle je réclame d’ailleurs vos lumières, si vous le voulez bien… Retenez cependant qu’une scène habilement accompagnée d’une musique judicieusement choisie est un « plus » de choix dans l’ambiance que vous allez créer… J’ai déjà mentionné les partitions fournies avec La Musique adoucit les meurtres , que j’ai enregistrées avec une collègue pianiste. Elles font beaucoup pour l’ambiance de cette aventure déjà bien angoissante : pour ma part, je fais trouver aux joueurs, près de chaque cadavre, un « rouleau » de grammophone. Naturellement, les joueurs se précipitent au Club Pythagore pour les écouter et, à chaque fois, un gamin « qui a reçu deux sous d’un monsieur » (à chaque fois décrit différemment !) vient frapper à la porte du Club pour apporter, dans une belle enveloppe, la partition qu’ils viennent d’écouter… Allez, je vous dis tout ! J’ai même enregistré une version piano + paroles psalmodiées, le tout avec une voix de malade, qui dérape dans les aigus… Effet garanti à l’audition (« qu’est-ce que c’est que ce cinglé ? »…). Naturellement, la partition de piano seul « rythme » certaines scènes de l’aventure. Des accessoires ? Pourquoi pas ? Les aides de jeu « papier » ont déjà été signalées, ainsi que les statuettes et autres accessoires en 3D. Mais avec le mot « accessoires », j’entends cette fois des objets, tout faits, trouvés dans des brocantes ou carrément fabriqués, qui viennent à l’appui de vos dires… Cela fait partie de ce que l’on nomme les techniques de suspension d’incrédulité, chères au coeur des écrivains fantastiques. De bons exemples valant toujours mieux qu’un long discours, voici quelques idées assez facilement réalisables. Fréquentez quelques brocantes dans votre région ou durant vos pérégrinations vacancières. (...)
) ; des fioles, des petites boîtes au look 1900 (ou pouvant sans problème être présentées comme telles) ; un numéro de La Gazette des Inventeurs , daté de juillet 1902, idéal pour La Maison de Poupées ; un petit flacon d’alcool avec une très belle étiquette, écrite en alphabet cyrillique, (idéal pour la scène du restaurant dans Le dompteur . etc, etc. La « Chance du Meneur » aidant, vous ferez, croyez-moi, des trouvailles qui renforceront votre plaisir de mener le jeu en exhibant à vos joueurs éberlués de tels objets… Soyons fous ! (...)
Ceci, découvert à la seule lueur d’une petite lampe tempête à pétrole, je vous jure qu’ils font un bond de 2 mètres en arrière quand ils découvrent la chose ! Et à ce moment, c’est sûr, ils ont le palpitant à 140 ! Naturellement, ces aides de jeu nombreuses obligent à un minimum d’organisation derrière le paravent, surtout pour ceux qui, comme Daniel et moi, sont bordéliques et ont besoin, sous peine de se retrouver très vite dépassés par les événements, de ranger par avance les aides de jeu, les plans, et de vérifier régulièrement que tout est là, qu’on n’a rien oublié avant de commencer… Mais ceci, c’est du simple bon sens ou du Trouble Obsessionnel Compulsif ! Pour conclure : Voilà… J’ai tenté dans cet article de vous donner un avant-goût de mes petits plaisirs pervers de meneur déjanté… (J’assume ! (...)
) Pour aller au fond du délire, il faudra vous rendre aux rubriques spécifiques qui viendront peu à peu enrichir ce site… On m’objectera évidemment que l’on peut parfaitement jouer sans tout ce bordel… J’en demeure absolument d’accord. Mais si vous voulez que vos parties de Maléfices demeurent inoubliables dans la mémoire de vos joueurs, ceci est un excellent (et excitant) moyen d’y parvenir ! (...)